— Vous me parliez de vingt gars : c’est toujours valide ?
— Je dois pouvoir arriver à quarante, répondit fièrement Fartraz.
Il était heureux de revoir la jolie militante moins de trois semaines après leur premier contact. Comme prévu, il était passé en mode guerrier, sans abonnement téléphonique et conditionné par la parano des meilleurs agents secrets. Le changement d’aspect était assez radical. Ses cheveux raccourcis, son jean serré et sa veste assortie le rajeunissaient considérablement, même si son interlocutrice ne put s’empêcher de le trouver ridicule avec son embonpoint très visible :
— J’ai repris le sport. Va falloir, hein ?
— On n’a pas besoin de vous pour sauter en parachute, répondit-elle amusée.
 
Ils s’engagèrent dans le métro porte d’Orléans, changèrent plusieurs fois de lignes, puis la jeune femme estima la rame suffisamment calme pour se poser.
— Patrick, nous avons décidé de marcher avec vous. Vous connaissez bien vos militants et vous allez faire un tri pour ne garder que les plus fiables. Vous avez compris qu’il fallait craindre toutes les éventualités ?
Fartraz savait qu’il n’aurait pas pied dans ce grand bain-là, mais il était prêt :
— Entre vos infos et les miennes, j’ai surtout pigé qu’on partait pour une putain de guerre ! Maintenant, je veux une dernière garantie : c’est quoi votre implication dans les attentats ?
— Je vous jure que le Black Wings n’est intervenu qu’au Congrès.
 
Fartraz se gratta le coin de l’œil, tenta de détecter un indice sur le visage impassible de son interlocutrice, puis il plongea :
— Et merde ! Quel va être mon rôle ?
— Nous avons réparti nos forces dans des cellules. Vous allez encadrer celle chargée de recruter au sein des mouvements d’opposition.
— Et qui fait le lien entre les cellules ?
— Pas votre problème. Pour votre sécurité, vous vous occupez uniquement de la D. Nous sommes le cinq août. À la Toussaint, la France se réveille..."

 15x21 cm - 328 pages